JUSTE CINQ PETITES MINUTES

Pour notre plus grande joie les gentils animateurs de GENEATECH ont décidé de relancer les GENEATHÈMES afin de nous aider à animer nos blogs. Le thème du mois d’avril : les naissances multiples. Dans notre arbre, j’ai découvert pour l’instant treize paires de jumeaux (je n’ai croisé encore aucun triplés) dont deux chez nos ancêtres, les autres étant des collatéraux. Sur la totalité, seules deux paires de jumelles ont atteint l’âge adulte, des collatérales.  J’en ai choisi une au hasard, me réservant l’autre pour un prochain récit. Aujourd’hui nous allons donc retracer les existences de Marie Geneviève et Julienne Françoise LEVY, les sœurs de François Michel, notre ancêtre à la septième génération.

NAISSANCE ET PETITE ENFANCE

Geneviève et Julienne LEVY sont nées le 27 août 1805, la première à deux heures du matin et la seconde cinq minutes plus tard. Leur père Claude Clotilde est cultivateur à Gif-sur-Yvette dans l’Essonne, leur mère Magdeleine Louise GOUALIN a déjà mis au monde quatre enfants. Deux ans plus tard en septembre 1807, Magdeleine accouche pour la dernière fois de sa vie ; ce sont à nouveaux deux bébés qui arrivent en même temps dans le foyer, un garçon et une fille, François Michel notre ancêtre et Honorine Marguerite qui ne vivra qu’un petit mois. Entre deux actes de décès retrouvés et l’étude des recensements, j’ai la quasi-certitude que les quatre premiers enfants du couple LEVY-GOUALIN n’ont vécu au mieux que quelques années. Mais le pire reste à venir puisque la maman, Magdeleine Louise s’éteint en 1814 à l’âge quarante-cinq ans. Les jumelles ont alors neuf ans et notre ancêtre François Michel entame sa septième année.

TROIS MARIAGES ET UN VEUVAGE

Aucun acte de (re) mariage à l’horizon pour Claude Clotilde que l’on retrouve seul en chef de famille sur les recensements, accompagné de ses deux filles et de son fils cadet. Les quatre lignes se reproduisent à l’identique sur les registres jusqu’en mai 1828, date à laquelle Geneviève épouse Pierre Alexandre BENOIST, un journalier de la même commune. Deux ans plus tard, en juin 1830 sa sœur jumelle Julienne passe à son tour devant Monsieur le Maire, et devient l’épouse de Germain Charles FILLION, un autre journalier de Gif-sur-Yvette. Puis c’est enfin François Michel qui fonde son propre foyer en octobre de la même année, en s’unissant à Marie Thérèse CHARRON. Claude Clotilde ne se remariera pas, et vivra ses dernières années chez son fils et sa bru.

DEUX DESTINS DANS LA SOLIDARITÉ FAMILIALE

Si Geneviève part s’installer avec son époux à Villiers-le-Bâcle, commune toute proche, et enchaîne quatre grossesses à intervalles plutôt réguliers, Julienne reste à Gif-sur-Yvette, et ne donnera la vie qu’à deux reprises. Puis l’on ne peut s’empêcher de penser à un bis repetita de la génération précédente lorsque cette dernière s’éteint au jeune âge de quarante-et-un ans en décembre 1846, laissant une fille et un garçon de quinze et onze ans à la charge de leur père, Germain Charles FILLION. Les jours sombres sont là et malheureusement aucune éclaircie à court terme n’est en vue pour cette famille, puisque le fils cadet quitte ce monde quelques neuf années plus tard, à l’âge de vingt ans. Il est cependant réconfortant de constater que Geneviève va continuer de veiller sur la fille de sa jumelle. Son époux Pierre Alexandre BENOIST est en effet le premier témoin de ses noces en 1852, le second n’étant autre que François Michel, son oncle maternel. Les deux mêmes hommes reprendront leurs rôles de témoins le jour du remariage Germain Charles FILLION en 1857, entretenant ainsi la mémoire de la jumelle disparue trop tôt, et validant certainement le commencement d’une nouvelle vie pour leur malheureux beau-frère.

CONCLUSION, QUESTIONS ET CONSTATATION

J’ai retenu pour ce Généathème les paires gémellaires qui avaient atteint l’âge adulte, en projetant de mettre leurs vies en parallèle, répertoriant ce qu’elles auraient pu faire au même moment, comme on a coutume de le rencontrer de façon anecdotique chez les jumeaux. Ici pourtant, pas de similitude et même de grosses différences puisque si Julienne s’est éteinte très jeune, Geneviève fêtera ses 67 ans et connaîtra plusieurs de ses petits-enfants, les ayant même en garde pour suppléer des parents partis travailler à Paris. Un détail a aussi retenu mon attention au cours de ces recherches ; en effet le jour de son mariage Geneviève signe, au contraire de Julienne qui « ne sait pas signer ». En 1789, leurs parents Claude Clotilde et Magdeleine Louise ont eux-mêmes signé au bas de leur acte de mariage, et les écritures sont assez claires pour l’époque. Qu’est-ce-qui a bien pu les empêcher d’apprendre à Julienne ce qu’ils ont probablement enseigné à Geneviève ? Ces cinq minutes de retard par rapport à sa jumelle ont-elles fait que la puînée eut l’esprit moins attentif et plus distrait que son aînée ? Ces cinq petites minutes ont-elles fait que sa constitution fut plus fragile, pour quitter le monde des vivants si tôt ? Nous ne le saurons jamais, mais ce sont des questions que je me suis posées, plongée dans les registres de l’Essonne entre 1805 et 1872. Une dernière réflexion avant de refermer cette tranche de vie : alors que d’une manière générale les hommes de notre arbre ayant perdu leur épouse prématurément, et à fortiori avec des enfants en bas âge, se remarient très rapidement, pour justement pallier le plus vite possible l’absence maternelle, on notera que Claude Clotilde, notre ancêtre, a élevé ses trois enfants seuls après le décès son épouse, et ne s’est jamais remarié. Quant à Germain Charles FILLION, veuf de Julienne, il aura élevé ses deux enfants seul, et attendu que sa fille parte fonder son propre foyer pour prendre une nouvelle épouse. Ceci restera une constatation, … car je n’ai aucune explication à ce fait.

Illustrations :
Les premiers pas, Jean-François Millet, Bibliothèque Nationale, Paris.
Frise, ligne Histoire de France : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_la_France
Carte postale : Vallée de Chevreuse – Gif (S et O) – La Maison Basse, le Vieux Portail

8 commentaires

  1. Peut-être serait-il plausible d’imaginer que Julienne avait un retard mental ou une malformation, ce qui expliquerait qu’elle se marie après sa jumelle, qu’elle ne sache pas écrire, que son père ne se remarie pas (difficile de trouver une femme qui veuille s’occuper d’une fille handicapée qui n’est pas la sienne) et qu’elle meurt jeune (malformation respiratoire ou autre, due à la prématurité des enfants jumeaux). Ou tout simplement le destin qui n’a pas épargné la famille.

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  2. J’aime cette manière d’aborder les archives, en traquant les informations qui se trouvent à chaque ligne, mais aussi de laisser les questions en suspens sans surinterpréter les détails qu’elles nous livrent. Que d’interrogations dans les registres, quelle porte ouverte à la rêverie, aussi… Merci pour cet article très intéressant !

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