UNE HISTOIRE DE SAUCISSES

Pour ce mois d’août, nos animateurs de GENEATECH nous ont invités à composer un GÉNÉATHÈME autour du prénom MARIE, sujet en rapport avec l’Assomption de la Vierge fêtée tous les 15 août dans le monde chrétien.

CHIFFRES

À l’énoncé du thème, je suis allée faire un petit tour dans les statistiques de mon arbre pour en sortir les chiffres suivants : en l’état actuel de mes recherches, 468 individus ont un prénom composé qui comprend MARIE, dont 125 ancêtres ; 75 se prénomment MARIE tout court, dont 31 Sosa. Voilà une bien dense forêt d’individus dans laquelle il va falloir faire un choix… Se rappelle alors à mon bon souvenir notre arrière-arrière-grand-père, Marie Désiré RABUTTÉ, le grand-père maternel de notre grand-mère Madou, qui est le seul individu de sexe masculin à porter ce prénom dans cette impressionnante liste. Ce sera donc lui qui aura l’honneur de ce Généathème estival, et cela tombe bien car j’ai en stock une petite anecdote charcutière à son sujet.

NAISSANCE

Marie Désiré RABUTTÉ naît le 12 octobre 1861 au Vauroux dans le département de l’Oise. Fils de Pierre Constant Victor, un tabletier qui se serait reconverti en perruquier selon les recensements, et d’Alphonsine ROUGET, couturière, il vient au monde presque deux ans après le mariage de ses parents. Il est le premier enfant du couple et les divers registres consultés confirment qu’il sera fils unique.

SERVICE MILITAIRE

La fiche matricule de Marie Désiré nous informe qu’il exerce déjà la profession de charcutier fin 1881. Ajourné pour faiblesse en 1882, c’est donc en décembre 1883 qu’il intégrera le 8e Régiment d’Infanterie. Il sera nommé Caporal en août 1884, puis Sergent en septembre 1885. Il passera dans la Réserve de l’Armée Active en juillet 1887 avec un Certificat de Bonne Conduite. Il est ensuite réformé par Commission Spéciale en octobre 1893 pour obésité. (Tiens, tiens, un excès de consommation de saucisses serait-il à l’origine de cette pathologie ?) La fiche nous avise aussi d’un changement de domicile de Paris vers Versailles en septembre 1889, soit quatre mois après son mariage.

MARIAGE ET DESCENDANCE

Marie Désiré a en effet convolé en justes noces le 21 mai 1889 au Mesnil-le-Roi (78). Il est dit domicilié en cette commune, aussi j’imagine qu’il devait naviguer entre la capitale et cette ville de Seine-et-Oise, ancien département des Yvelines. Sa promise est Eliska Adelphine DUTEIL, fille de deux cultivateurs de cette même commune. Le jeune couple ira s’installer très vite à Versailles, où sont nés leurs deux enfants, Marthe en 1890, notre arrière-grand-mère, et Lucien en 1894. Marie Désiré est toujours charcutier et on note d’ailleurs que ses deux témoins de mariage, des amis, sont de la partie puisque Robert Kornhaas et Isaïe Carton, sont respectivement marchand-boucher à Sartrouville et charcutier à Saint-Germain-en-Laye.

L’AFFAIRE DES SAUCISSES

C’est en avril 1908 que Marie Désiré s’exprimera via la presse écrite de l’époque. Il est installé à cette date dans la rue Royale à Versailles, où il exploite un commerce de charcuterie conjointement avec la famille Lagarde. Ci-dessous il pose au centre de la photo, coiffé un chapeau melon.

Son courrier publié le 12 avril 1908 dans le quotidien « La Presse », relève et corrige ainsi les inexactitudes d’un article paru la veille. Et au passage il rétablit aussi l’orthographe de son patronyme qui avait été écorché bien comme il faut… Sur fond d’un important scandale de viandes avariées semblant toucher tout le pays, les commerçants de Versailles ne sont pas épargnés et notre aïeul est en effet éclaboussé. Mais Marie Désiré remet clairement et simplement tout le monde à sa place en quelques lignes et de mémoire familiale, il ne semble pas que cet épisode ait nuit à la prospérité de la boutique charcutière.

ÉPILOGUE

Après une vie de commerçant bien occupée, Marie Désiré se retirera au Mesnil-le-Roi pour y passer ses dernières années au calme bien mérité, en compagnie de son épouse. Il s’y éteindra en 1943 – notre grand-mère avait 18 ans – à plus de 81 ans. (Tiens, tiens, pourrait-on en déduire que la charcuterie ça conserve ?) Avec modération alors… En tout cas, la pathologie dont il est fait mention sur sa fiche matricule n’apparaît plus du tout sur les clichés qui sont parvenus jusqu’à nous, pris pendant sa période de grand-père retraité.

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