Sosa 2024 : Qui es-tu Philippe DUVAL ?

Mesnil-le-Roi, vue de l’église par Hubert Clerget (1818-1899) – Gallica

Rappel pour mes lecteurs qui se demandent ce que peut bien être le Sosa 2024 : la numérotation Sosa-Stradonitz est un système qui permet d’attribuer à ses ancêtres un numéro unique. Je me suis attribué le numéro 1 (c’est aussi votre numéro les frangins), notre père porte alors le numéro 2 et notre mère le 3. Notre grand-père Raymond le 4, son épouse le 5, notre grand-père Jean le 6 et son épouse le 7. Les numéros sont distribués ainsi de suite en remontant l’arbre. On peut retenir que le numéro d’un homme est toujours le double de celui de son enfant, et qu’il est forcément pair ; qu’une femme porte le numéro de son époux + 1 et que le numéro de son enfant sera donc le sien moins 1 et divisé par 2.

Les trois basiques.
Philippe, tu as vu le jour au Mesnil-le-Roi (78) le samedi 2 juillet 1701. Fils de Jacques DUVAL et de Marguerite LACOUR, tu es baptisé le lendemain. En 1726 tu épouses une demoiselle Marie Magdeleine LEVASSEUR. Tu t’éteindras au même endroit en 1790, à l’âge plus qu’honorable de 89 ans. Tu es notre ancêtre à la génération 11.

Naissance.
Tu es le dernier enfant d’une fratrie de cinq. L’aînée (supposée), Geneviève, naît en 1692. Elle ne vit malheureusement que deux petites années. Je dis « supposée » car vois-tu, à peine les recherches sur ta vie entamées, est arrivé ce moment où tu as juste envie de refermer l’ordinateur, car tu t’aperçois qu’il y a une lacune de 9 ans, juste avant 1692, dans les registres de ta paroisse, englobant à la perfection la date présumée du mariage de tes parents, et donc les dates de naissances des premiers enfants du couple. Après avoir soupiré très fort et proféré quelques mots que je ne reproduirai pas ici, reprenons donc. Deux ans plus tard, au mois de décembre 1694, tes parents ont fait appel à Monsieur le Curé à deux reprises, passant certainement par un ascenseur émotionnel de catégorie supérieure. Ils accompagnent en effet au cimetière leur première fille Geneviève le jeudi 9 et font baptiser ton frère aîné, Joseph François, le mercredi suivant, 15 décembre 1694. Viennent ensuite René et Pierre, nés respectivement en 1697 et 1698 qui ne vivront que quelques jours pour l’un, et quelques mois pour l’autre. Enfin, en juillet 1701, tu fais ton entrée dans le foyer des DUVAL. Tu vas apporter de la compagnie à ton frère Joseph François alors âgé de 7 ans, qui devait trouver le temps bien long et bien triste après le passage express sur cette terre de vos frères et sœur, que tu n’auras jamais connus. Je ne pense pas que tes parents eurent d’autres enfants, les registres après ta naissance ne faisant apparaître aucun nouveau baptême DUVAL. Les actes beaucoup plus tardifs relatifs à ta famille ne mentionnant toujours que toi et ton frère, j’imagine que les années lacunaires n’occultent finalement que la date de mariage de tes parents, et peut-être des enfants qui n’ont pas vécu. 

Mariage.
Le lundi 18 novembre 1726, tu épouses Marie Magdeleine LEVASSEUR. Vous êtes tous les deux âgés de 25 ans. D’après les certificats fournis lors de la cérémonie, il semble que ta promise soit originaire du PECQ, commune très proche. Les deux premiers témoins cités et présents en ce qui te concerne sont ton père Jacques et ton frère Joseph François. Tout comme toi, ils déclarent ne savoir ni écrire ni signer. Ta mère Marguerite LACOUR est toujours en vie, aussi je doute fort qu’elle ait eu mieux à faire en ce lundi de novembre que d’assister aux épousailles de son fils cadet. Cependant, elle n’apparaît pas, hormis en introduction, à l’énoncé de ton ascendance. Eh oui Philippe, c’est assez stupéfiant mais à ton époque les femmes sont transparentes. Il eut fallu qu’elle soit veuve pour être citée en tant que personne présente ; et encore, ça ne marche pas à tous les coups, un oncle ou un beau-frère peut être pris en compte, gommant purement et simplement la présence d’une mère aux côtés de son enfant s’engageant pour la vie. Ton acte de mariage ne laisse entrevoir aucun métier que tu pourrais exercer, cependant un troisième témoin, signataire du document de ton côté, va nous orienter. « Jean COSSON, son receveur de la ferme de Veaux ». Monsieur le Curé parle sans aucun doute de la ferme du château de Vaux. Tu n’as donc pas suivi comme ton père une carrière militaire – il est qualifié de « Soldat aux Gardes » dans son acte d’inhumation. Tu as travaillé la terre, comme la majorité de nos ancêtres.

Vie.
Au mois de novembre 1719, tu es témoin au mariage de ton frère qui épouse Marie BIZOT, de la paroisse du Mesnil. Avant de t’unir à Marie Magdeleine et de fonder à ton tour une famille, tu es devenu l’oncle de deux garçons. Je ne saurai jamais quelles furent les relations à l’intérieur de votre cercle familial, toujours est-il que tu n’es parrain d’aucun des deux. Mes recherches à ce stade se limitent à ces deux neveux, et je ne suis pas sûre d’en trouver d’autres, ton frère disparaissant prématurément en 1729. Tu l’accompagneras vers sa dernière demeure un dimanche 30 janvier, alors que tes deux neveux n’ont que 3 et 6 ans. De ton côté, tu es déjà père d’une petite Magdeleine Françoise qui a vu le jour dans l’année suivant ton mariage en 1727. Puis, en mars 1729, les cris de ton premier fils Jacques Philippe atténueront sans doute la douleur du deuil qui a affecté ta famille quelques deux mois auparavant. Viendront ensuite Geneviève, Marianne et enfin Pierre André Georges à plus ou moins deux ans d’écart. De tes cinq enfants, seule Marianne disparaît en bas âge, les autres vont grandir. Il n’y a que Geneviève qui m’interroge. En effet, je ne retrouve aucun acte qui me permettrait d’étoffer sa vie, hormis son acte de décès sur lequel il n’est pas fait mention d’un époux. Tes trois autres enfants ont suivi le parcours classique que s’attend à trouver l’enquêteur généalogiste au fil des pages de registres : un mariage et des enfants. Avec ta belle longévité, tu auras vu naître au moins 25 petits-enfants ! Tu as aussi assisté à un quatrième mariage en tant que père, ta fille aînée Magdeleine Françoise s’étant remariée en 1764, alors veuve avec cinq enfants. Les actes qui témoignent du cheminement de ta descendance m’apprennent qu’à l’âge de 47 ans tu étais vigneron, deux ans plus tard il t’est attribué la profession de bucheron, la dernière mention retrouvée à ce jour date de ta 66e année et tu étais qualifié de journalier. As-tu œuvré tout ce temps pour la ferme de Vaux ?

Épilogue.
Philippe DUVAL, tu tires ta révérence un jour du mois d’août 1790 et tu es inhumé le lendemain, accompagné pour cet ultime voyage de tes deux fils Jacques Philippe et Pierre André Georges. Magdeleine Françoise et Geneviève leurs sœurs sont probablement aussi du cortège, mais rappelle-toi, les femmes, la transparence, tout ça… Ton épouse bien-aimée t’attend depuis 14 ans déjà dans le petit cimetière du Mesnil où vous reposerez pour l’éternité. J’ai le sentiment à l’entame de cette dernière partie de récit que tu es froissé par les impasses que j’ai faites en ce qui la concerne ; parce que oui tu as raison, même transparente sur les écrits, elle a bien sûr dû partager avec toi les joies et les peines qui ont ponctué votre vie. Eh bien note aussi que je n’ai pas creusé très à fond non plus la vie de vos enfants. Et pendant qu’on y est, sache également que si j’avais eu le temps de partir à la chasse aux actes notariés, j’aurais (peut-être) pu récolter plus de détails sur tes 89 années de présence ici-bas. Je t’invite cependant à bien relire le paragraphe sur le calcul du numéro Sosa. Selon toute vraisemblance et à moins d’une grosse révolution – qui n’arrivera pas je peux déjà te le prédire – notre Sosa 2025 sera Marie Magdeleine LEVASSEUR, ton épouse. Compte tenu de l’invisibilité dont je t’ai déjà parlée, il va bien falloir que je m’appuie sur toi, vos enfants et de potentielles liasses de notaires encore à chercher, pour lui rédiger un billet qui aille au-delà des trois dates incontournables. Nous nous recroiserons l’année prochaine Philippe DUVAL, c’est certain. Je te dis donc à bientôt !

21 commentaires

  1. Coucou ma cousine,
    Quand tu parle du Mesnil le roi pour la naissance de notre grand aïeul, peux tu avoir des précisions sur l endroit exacte du Mesnil ? Par acte Notarial ou autres ?
    Gros bisous

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    1. Coucou cousin. Je ne sais pas trop ce que je peux trouver à une époque si lointaine… Mais oui s’il y’a quelque chose ce sera dans les actes notariés – que j’irai farfouiller prochainement 😉

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  2. Merci Béa. Ce récit est très beau et Philippe en quelques lignes passe du statut d’illustre inconnu à celui de belle connaissance que les circonstances nous lèguent comme parent. Merci de réveiller si joliment ces belles histoires.
    F. M.

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    1. Merci beaucoup Christelle. Libérée de la contrainte de temps qu’impose un AZ, j’ai tranquillement « joué » avec le fond et la forme et c’était plutôt très bien 😉

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