
Perpignan le 26-2-1916
Mon cher Emile
Tu dois peut-être croire que je suis mort. Non. Pas encore tout à fait car cela va mieux, pendant un moment je ne savais pas comment cela tournerait. J’ai été pendant 15 jours avec une fièvre épouvantable et aucune maladie ne s’est déclarée. Le Docteur a dit que cela provenait de mon mauvais état général et à la grande fatigue et puis j’ai eu une angine, une grippe, et aujourd’hui un commencement de pneumonie. Mais ce ne sera rien la semaine prochaine. On doit me faire des pointes de feu, je ne me lève toujours pas et si cela continue, je vois que j’en ai encore pour plusieurs mois. Je crois que l’on me proposera la réforme. En tous cas je ne suis pas encore prêt de retourner aux tranchées. J’espère que ma carte te trouvera en bonne santé et que ta famille se porte bien. Je te serre la main. Ton frère. E. Lecomte.
C’est encore d’un arrière-grand-oncle dont il s’agit aujourd’hui. E. Lecomte est en effet Hector Ernest, l’aîné de la fratrie de douze enfants à laquelle appartient notre arrière-grand-père Emile. Ernest est né en 1878 à Saint-Sérotin dans l’Yonne. À l’âge de vingt-quatre ans, il épouse la demoiselle Maria Prudence Michaut à Villeroy, après avoir rempli ses obligations militaires. Rappelé à l’activité de mobilisation générale du 1er août 1914, il se présentera le 7. Je ne peux malheureusement pas vous dire quelles furent ses « activités » en début de mobilisation pour cause de numérisation incomplète de sa fiche matricule. En effet, si la personne qui s’est occupée de son dossier – et qu’elle soit chaleureusement remerciée pour ce travail – a bien veillé à faire plusieurs scans des différents papiers « rattachés et superposés » à la fiche, elle en a oublié ce qui se trouve au-dessous, sur le document de base.
Néanmoins, cette fiche matricule nous apprend que comme il l’avait supposé, Ernest sera proposé à la réforme temporaire en octobre 1917, pour raideur de la colonne vertébrale, submatité du sommet droit avec diminution de transparence à la radioscopie. Etat général médiocre. Après plusieurs renouvellements, cette réforme sera définitive en mars 1922 avec pension permanente. Il est enfin libéré de toute obligation militaire le 13 août 1929 pour 1/ Cyphose dorsale accentuée, gêne très sérieuse pour les mouvements 2/ Induration des sommets 3/ Emphysème. Le tout « sans aggravation ». Pour ceux que cela intéresse, je vous laisse chercher ce à quoi se réfèrent tous ces termes médicaux. Je les ai moi-même interrogés, et peux conclure que notre arrière-grand-oncle a été affecté (détruit ?) de manière bien sévère lors de son séjour dans les tranchées ; il aura eu cette chance au moins d’en revenir…
Cette année-là
Nous sommes en pleine Grande Guerre.
Début de la Bataille de Verdun (février) et le début de l’offensive alliée sur la Somme (juillet).
Naissances de Bernard Blier (janvier), Olivia de Havilland (juillet), Marcel Cerdan (juillet).
Plus de 1,3 million de militaires décédés pendant la Grande Guerre ayant obtenu la mention « mort pour la France ».
Dans ces cas-là c’est vrai qu’il faut voir le verre à moitié plein…
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C’est mieux effectivement !
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La fiche matricule est pourtant entièrement numérisée sur le site des archives de l’Yonne : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vtaa1109a7815ba695c/img:FRAD089_1R_624_0751#id:66618874?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00¢er=1124.544,-1055.928&zoom=9&rotation=0.000
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Au temps pour moi. J’avais l’impression qu’il manquait la partie sous les feuillets ajoutés. Merci pour votre lecture.
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J’avais lu cirrhose dorsale! et je me demandais ce que cela pouvait être! Il en est revenu, mais à quel prix…
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Un lourd tribut…
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Marqué à jamais
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C’est bien ça, même s’il en est revenu.
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On ne parle effectivement jamais assez de ces malheureux. Ils sont revenus oui, mais à quel prix ? En tous les cas bien précieuse carte-lettre
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Une carte à conserver et à transmettre oui. Merci Catherine.
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Je ne connais que trop bien ces 3 pathologies… Cela a dû être dur pour lui.
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Je veux bien te croire !
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